Pressions à l’origine de la hausse des coûts des régimes privés d’assurance-médicaments au Canada, 2018
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Les régimes privés d’assurance-médicaments sont le deuxième plus important payeur pour le remboursement des médicaments d’ordonnance au Canada, finançant plus du tiers de toutes les dépenses en médicaments d’ordonnance. Cette étude analyse les pressions en constante évolution exercées sur les coûts qui entraînent des modifications dans les dépenses liées aux régimes privés d’assurance-médicaments. Il s’agit notamment des changements dans la population de bénéficiaires (effet « démographie »), des augmentations ou des diminutions de la quantité de médicaments consommés (effet « volume »), des différences de prix entre les médicaments abordables et chers (effet « combinaison de médicaments ») et des changements de prix des médicaments ainsi que du passage des médicaments de marque aux médicaments génériques ou biosimilaires (effet « prix »). La croissance globale des dépenses au cours d’une année donnée découle directement de ces effets contraires de « poussée » et de « traction ».
Les résultats sont fondés sur une analyse des données de 2009 à 2018 tirées de la base de données du régime d’assurance-médicaments privé IQVIA, en mettant l’accent sur l’évolution des dépenses en médicaments des régimes privés de 2017 à 2018. Cette étude fait partie d’un rapport plus vaste du CEPMB sur les régimes privés d’assurance‑médicaments et complète le rapport annuel CompasRx du CEPMB sur les dépenses des régimes publics d’assurance-médicaments.
La pression accrue sur les coûts exercée par les médicaments plus chers en 2018 a été atténuée par le lancement de l’Assurance-santé Plus de l’Ontario et une baisse des prix des médicaments génériques.
En 2018, la poussée à la hausse croissante des médicaments plus chers a été compensée par d’importantes réductions de coûts ponctuelles. Celles‑ci découlent notamment du transfert de la couverture privée des résidents ontariens âgés de 24 ans et moins au régime public (Assurance‑santé Plus) et de la baisse des prix entraînée par l’introduction d’une politique générale d’établissement des prix des médicaments génériques en avril 2018. Il en a résulté une baisse temporaire de la croissance globale des coûts des médicaments, les dépenses des régimes privés n’ayant augmenté que de 0,6 % en 2018, ce qui est bien inférieur à la croissance annuelle moyenne constante de près de 6 % observée au cours des cinq années précédentes (TCAC de 5,7 %).
L’utilisation de médicaments plus chers (effet « combinaison de médicaments ») est devenue un facteur de coût de plus en plus important pour les régimes privés. La pression croissante qu’elle exerce sur les dépenses s’est progressivement accrue au cours de la dernière décennie, passant de 3 % en 2009 à un sommet de 5,2 % en 2018. La pression exercée par les médicaments antiviraux à action directe (AAD) contre l’hépatite C, qui était un facteur de coût important au cours des années précédentes, n’a eu qu’une incidence minime sur la croissance des dépenses des régimes privés d’assurance‑médicaments en 2017 et en 2018.
La pression combinée de l’augmentation du nombre de bénéficiaires actifs et du volume de médicaments consommés fait généralement grimper le coût des médicaments de 3 % chaque année. En 2018, l’introduction de la couverture Assurance‑santé Plus en Ontario a réduit les coûts des médicaments de 2,8 % à l’échelle nationale et de 6,6 % en Ontario. Alors que les coûts des médicaments liés aux bénéficiaires âgés de 24 ans et moins représentaient plus du dixième des coûts des régimes privés en Ontario en 2017, cette part a diminué de moitié en 2018.
Les économies réalisées par la substitution des médicaments génériques et des biosimilaires (-2,3 %), ainsi que les réductions de prix (-2,5 %) ont entraîné une baisse marquée des coûts de 4,7 % en 2018, ce qui représente un changement important par rapport aux pressions à la baisse de 2 à 3 % des années précédentes.
Figure description
Ce diagramme à colonnes présente les principaux facteurs ayant une incidence sur les taux de variation des coûts annuels en médicaments pour les régimes privés d’assurance-médicaments au Canada de 2009 à 2018 : démographie, volume, prix et effet « combinaison de médicaments ». L’effet combinaison de médicaments pour les médicaments antiviraux à action directe contre l’hépatite C et celui du programme d'Assurance-Santé de l'Ontario sont signalé séparément. Les effets positifs ou de poussée totaux, les effets négatifs ou de traction totaux et les effets nets sont signalés pour chaque année.
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2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
Combinaison de médicaments, médicaments antiviraux à action directe |
– |
– |
– |
– |
– |
1,0 % |
1,5 % |
-1,4 % |
-0,2 % |
-0,2 % |
Combinaison de médicaments, autres médicaments |
3,0 % |
3,2 % |
2,6 % |
3,7 % |
3,5 % |
3,2 % |
4,1 % |
4,2 % |
4,9 % |
5,2 % |
Effet de la démographie |
1,8 % |
2,9 % |
4,4 % |
5,2 % |
2,5 % |
3,2 % |
4,0 % |
2,3 % |
4,0 % |
3,3 % |
Effet du volume |
3,5 % |
0,9 % |
1,1 % |
0,3 % |
1,2 % |
0,6 % |
-0,9 % |
2,0 % |
0,1 % |
-0,8 % |
Effet du prix |
0,2 % |
-2,1 % |
-4,5 % |
-6,0 % |
-4,5 % |
-2,7 % |
-2,2 % |
-2,5 % |
-2,2 % |
-4,7 % |
Assurance-santé Plus de l’Ontario |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
-2.8 % |
Effets de poussée totaux |
8,3 % |
6,9 % |
8,1 % |
9,2 % |
7,1 % |
8,5 % |
9,5 % |
7,1 % |
8,8 % |
8,9 % |
Effets de traction totaux |
0,1 % |
-2,4 % |
-4,9 % |
-6,5 % |
-5,0 % |
-2,7 % |
-3,3 % |
-2,7 % |
-2,3 % |
-8,3 % |
Variation nette |
8,3 % |
4,6 % |
3,3 % |
2,7 % |
2,2 % |
5,8 % |
6,2 % |
4,4 % |
6,4 % |
0,6 % |
Les médicaments à coût élevé sont à l’origine de la plus grande part de l’effet « combinaison de médicaments »
La tendance à l’utilisation de médicaments plus coûteux plutôt que de médicaments moins coûteux a fait augmenter de 5,2 % sur le coût des médicaments en 2018. Plus de la moitié de cet effet (2,8 %) était attribuable aux médicaments onéreux, dont les coûts annuels par bénéficiaire actif se chiffraient à 10 000 $ ou plus. Par exemple, huit des médicaments ayant eu la plus grande incidence étaient des médicaments à coût élevé, soit cinq immunosuppresseurs, un médicament oncologique, un antiasthmatique et un nouveau médicament AAD contre l’hépatite C. Les deux autres médicaments ayant eu la plus forte incidence sur le coût des médicaments étaient associés à des coûts annuels de traitement relativement faibles, mais à une utilisation fréquente.
Figure description
Le tableau et le diagramme à barres connexe montrent les dix principaux médicaments ayant contribué à l’effet « combinaison de médicaments » dans les régimes privés d’assurance‑médicaments en 2018.
Coût moyen des médicaments par bénéficiaire actif*, en milliers de dollars |
Utilisation par tranche de 1 000 bénéficiaires actifs totaux |
Coût des médicaments, en millions de dollars (part en %) |
Catégorie thérapeutique |
Nom commercial (ingrédients médicinaux) |
Contribution à l’effet « combinaison de médicaments » |
20,8 $ |
0,54 |
147,5 $ (1,8 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Stelara (ustékinumab) |
0,40 % |
0,7 $ |
5,91 |
51,2 $ (0,6 %) |
Médicaments utilisés dans le traitement du diabète |
Jardiance (empagliflozine) |
0,28 % |
40,5 $ |
0,08 |
41,0 $ (0,5 %) |
Agents antinéoplasiques |
Ibrance (palbociclib) |
0,22 % |
14,9 $ |
0,42 |
82,4 $ (1,0 %) |
Médicaments contre l’asthme |
Xolair (omalizumab) |
0,19 % |
15,9 $ |
1,71 |
359,4 $ (4,3 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Humira (adalimumab) |
0,19 % |
13,6 $ |
0,25 |
45,4 $ (0,5 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Cosentyx (sécukinumab) |
0,18 % |
20,7 $ |
0,05 |
14,3 $ (0,2 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Ocrevus (ocrélizumab) |
0,16 % |
0,8 $ |
9,29 |
102,6 $ (1,2 %) |
Médicaments utilisés dans le traitement du diabète |
Janumet (sitagliptine/metformine) |
0,15 % |
29,1 $ |
0,03 |
12,6 $ (0,1 %) |
Médicaments antiviraux à action directe contre l’hépatite C |
Maviret (glécaprevir/ pibrentasvir) |
0,14 % |
11,0 $ |
0,08 |
11,6 $ (0,1 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Tremfya (guselkumab) |
0,14 % |
* D’après le coût total des médicaments divisé par le nombre de bénéficiaires actifs au cours d’une année donnée. Il est à noter que le coût par bénéficiaire qui en résulte peut être sous-estimé, car certains bénéficiaires peuvent n’avoir utilisé le médicament que pendant une partie de l’année.
Les dépenses en médicaments à coût élevé ont plus que triplé depuis 2009
En 2009, les régimes privés ont remboursé les frais associés à 79 médicaments, dont le coût annuel moyen par bénéficiaire actif s’élevait à 10 000 $ ou plus, ce qui représentait environ 12 % des coûts totaux des régimes privés d’assurance-médicaments. En 2018, le nombre de médicaments à coût élevé a plus que doublé pour atteindre 189, ce qui représente 29 % des coûts associés aux médicaments. Il s’agit d’un segment de marché en forte croissance, comme en témoigne l'augmentation de près de 3,5 fois des coûts connexes au cours de la dernière décennie.
Figure description
Ce diagramme à barres montre l’évolution relative au nombre de médicaments onéreux et la part du coût total des médicaments qu’ils représentent dans les régimes privés d’assurance‑médicaments de 2009 à 2018.
Les barres montrent, pour chaque année, la part du coût total des médicaments qui est attribuable aux médicaments onéreux. Chaque barre est subdivisée en bandes présentant les coûts moyens annuels par bénéficiaire : 10 000 $ à 20 000 $; 20 000 $ à 50 000 $; et 50 000 $ et plus. Le diagramme comporte des lignes superposées qui montrent l’indice du nombre de médicaments et l’indice du coût des médicaments. La valeur des deux indices est fixée à 1,0 pour 2009. Un tableau connexe donne le nombre de médicaments pour chaque année.
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2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
Part du coût total des médicaments attribuable aux médicaments onéreux |
12 % |
13 % |
15 % |
17 % |
19 % |
22 % |
24 % |
25 % |
27 % |
29 % |
Part représentant de 10 000 $ à 20 000 $ |
7,0 % |
7,7 % |
8,4 % |
9,3 % |
10,0 % |
10,6 % |
11,0 % |
12,1 % |
12,7 % |
13,6 % |
Part représentant de 20 000 $ à 50 000 $ |
4,2 % |
4,9 % |
5,8 % |
7,1 % |
8,3 % |
8,6 % |
9,0 % |
10,1 % |
11,2 % |
12,2 % |
Part représentant 50 000 $ et plus |
0,4 % |
0,5 % |
0,7 % |
0,8 % |
1,1 % |
2,6 % |
4,2 % |
2,9 % |
2,6 % |
2,9 % |
Indice du nombre de médicaments |
1,0 |
1,1 |
1,2 |
1,3 |
1,4 |
1,6 |
1,8 |
2,1 |
2,2 |
2,4 |
Indice du coût des médicaments |
1,0 |
1,2 |
1,4 |
1,6 |
1,9 |
2,3 |
2,7 |
2,9 |
3,2 |
3,5 |
Nombre de médicaments |
79 |
83 |
95 |
104 |
112 |
126 |
142 |
164 |
177 |
189 |
Les politiques relatives à l’établissement du prix des médicaments génériques ont contribué à exercer une pression à la baisse relativement forte sur les coûts associés aux régimes privés d’assurance-médicaments
La politique relative à l’établissement du prix des médicaments génériques entrée en vigueur en avril 2018 a ramené le prix de près de 70 médicaments génériques à seulement 10 % du prix des produits de marque de référence. Cela a eu une incidence importante sur les coûts associés aux régimes privés d’assurance-médicaments et a fait baisser de moitié le coût unitaire moyen des médicaments génériques par rapport à ce qu’il était en 2009, pour une baisse moyenne de 11 % entre 2017 et 2018. Cette diminution a réduit le coût global des médicaments de 2,5 % dans les régimes privés en 2018.
La pression à la baisse découlant de la substitution des médicaments de marque par des médicaments génériques et des médicaments biologiques par des produits biosimilaires était de 2,3 %. Plus de la moitié des économies était attribuable au perindopril, à l’indapamide/perindopril et à l’aripiprazole. En revanche, la substitution par des produits biosimilaires n’a contribué qu’à une réduction modeste, quoique mesurable (0,2 %), des coûts totaux associés aux médicaments.
Figure description
Cette figure se compose de deux parties. La première montre l’indice du coût unitaire des médicaments génériques sous forme solide à administrer par voie orale dans les régimes privés de 2009 à 2018. La deuxième présente les principales substitutions par un médicament générique qui ont contribué à l’effet de prix en 2018.
Indice du coût des médicaments génériques :
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2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
Indice |
1 |
0,98 |
0,85 |
0,74 |
0,65 |
0,60 |
0,59 |
0,57 |
0,55 |
0,49 |
Principales substitutions par un médicament générique ayant contribué à l’effet de prix :
Ingrédients médicinaux |
Référence du nom de marque |
Contribution à l’effet de prix |
Péindopril tert-butylamine |
Coversyl |
-0,51 % |
Aripiprazole |
Abilify |
-0,27 % |
Indapamide / périndopril tert-butylamine |
Coversyl Plus |
-0,22 % |
Emtricitabine / fumarate de ténofovir disoproxil |
Truvada |
-0,18 % |
Fumarate de ténofovir disoproxil |
Viread |
-0,14 % |
* Afin qu’il y ait une cohérence sur le plan des unités, l’analyse n’a tenu compte que des formulations solides à administrer par voie orale.
Méthode : Cette étude utilise un modèle de facteur de coût pour désagréger et mesurer l’incidence d’un certain nombre d’effets. Pour obtenir une description détaillée de cette approche, consulter le rapport du CEPMB intitulé Les facteurs de coûts associés aux dépenses en médicaments d’ordonnance : Un rapport méthodologique, 2013.
Source des données : Base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments à paiement direct d’IQVIA. Taux de saisie : 85,7 %.
Limites : Les prix des ventes et les prix unitaires disponibles dans la base de données du régime privé d’assurance-médicaments IQVIA ne tiennent pas compte des remises de prix hors facture.
Avis de non-responsabilité : Bien qu’ils soient en partie fondés sur des données obtenues sous licence à partir d’IQVIA, les énoncés, les résultats, les conclusions, les points de vue et les opinions présentés dans ce rapport sont exclusivement ceux du CEPMB et ne sont pas imputables à IQVIA.