Facteurs de coûts des régimes publics d’assurance-médicaments du Canada, 2016-2017
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Les régimes publics d’assurance médicaments représentent une part importante du budget global consacré aux soins de santé. Dans son rapport phare CompasRx, le CEPMB suit et analyse les pressions qui s’exercent sur ces dépenses, notamment les variations liées aux populations bénéficiaires (effet démographique); les variations liées à la quantité de médicaments utilisés (effet du volume); les variations liées à l’utilisation des médicaments les moins coûteux et des médicaments les plus coûteux (effet de la combinaison de médicaments); les variations de prix des médicaments (effet du prix); et le remplacement des médicaments de marque par des médicaments génériques ou des produits biosimilaires (effet de substitution). La variation globale des dépenses au cours d’une année donnée est le résultat net de ces effets opposés de « pression à la hausse » et de « pression à la baisse ».
L’analyse porte sur les régimes publics d’assurance-médicaments canadiens qui participent à l’initiative du Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP), c’est-à-dire la Colombie Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador, le Territoire du Yukon, ainsi que sur le Programme des services de santé non assurés (SSNA) de Santé Canada. La base de données du SNIUMP, gérée par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), constitue la principale source de données du présent rapport. Les coûts des médicaments indiqués dans le rapport ne tiennent pas compte des ristournes découlant d’ententes confidentielles portant sur l’inscription de produits.
Après une hausse sans précédent de 12 % en 2015-2016, les coûts des médicaments ont connu une augmentation additionnelle de 2 % en 2016-2017.
Les coûts des médicaments des régimes publics d’assurance-médicaments du SNIUMP ont atteint 8,4 milliards de dollars en 2016-2017, soit une augmentation de plus de 1 milliard de dollars par rapport aux deux années précédentes combinées. La période a été marquée par une hausse notable suivie d’un déclin relatif des répercussions financières des nouveaux médicaments antiviraux à action directe (AAD) utilisés dans le traitement de l’hépatite C. Les nouveaux médicaments utilisés pour traiter l’hépatite C ont entraîné une augmentation moyenne des coûts de 3,1 % par an, sans compter les pressions à la hausse exercées par les autres médicaments onéreux, qui ont provoqué une hausse annuelle substantielle des coûts se chiffrant à plus de 4 %.
Les économies découlant de la substitution par un médicament générique ou biosimilaire ainsi que de la baisse des prix ont poursuivi leur recul, suivant une tendance à la baisse soutenue, tandis que les autres facteurs ont continué d’exercer des pressions à la hausse prévisibles et constantes sur les coûts des médicaments.
Les taux de croissance des coûts des médicaments en 2016-2017 variaient considérablement d’un régime d’assurance médicaments à l’autre, ce qui s’explique en grande partie par l’influence de la pression à la baisse exercée par les médicaments utilisés pour traiter l’hépatite C et de la pression à la hausse exercée par les autres médicaments onéreux.
Description de la figure
La première section de ce graphique à colonnes décrit les facteurs ou les effets qui ont influé sur les taux annuels de variation des coûts des médicaments dans tous les régimes publics d’assurance-médicaments du SNIUMP de 2012-2013 à 2016-2017 : démographie, volume, combinaison de médicaments, variation de prix et effets de substitution. Une variation en pourcentage est attribuée à chacun de ces facteurs. L’effet de la combinaison de médicaments pour les médicaments antiviraux à action directe utilisés dans le traitement de l’hépatite C a été isolé en raison de sa forte incidence. Les effets positifs ou de poussée totaux, les effets négatifs ou de traction totaux et la variation nette pour chaque année. La deuxième section présente les résultats totaux pour 2016-2017, selon la province ou le territoire. Les coûts totaux des médicaments pour chaque régime sont également indiqués pour 2016-2017.
Section 1 : Facteurs de coûts de 2012-2013 à 2016-2017
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Effet |
2012/13 |
2013/14 |
2014/15 |
2015/16 |
2016/17 |
Démographie |
2,7 % |
2,1 % |
2,7 % |
3,0 % |
1,8 % |
Volume |
1,7 % |
2,2 % |
0,3 % |
1,3 % |
1,0 % |
Combinaison de médicaments, autres médicaments |
4,1 % |
5,4 % |
4,9 % |
4,1 % |
4,4 % |
Combinaison de médicaments, médicaments antiviraux à action directe |
0,0 % |
0,0 % |
0,0 % |
8,0 % |
-2,3 % |
Variation de prix |
-2,0 % |
-6,0 % |
-3,0 % |
-1,8 % |
-1,0 % |
Substitution |
-7,2 % |
-1,5 % |
-3,2 % |
-2,3 % |
-1,8 % |
Effets de traction totaux |
-9,2 % |
-7,5 % |
-6,2 % |
-4,1 % |
-5,1 % |
Effets de poussée totaux |
8,5 % |
9,7 % |
7,9 % |
16,2 % |
7,2 % |
Variation nette |
-0,8 % |
2,0 % |
2,5 % |
12,0 % |
2,0 % |
Section 2 : Facteurs de coûts pour 2016-2017, selon la province ou le territoire
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Effet |
Colombie-Britannique |
Alberta |
Saskatchewan |
Manitoba |
Ontario |
Nouveau-Brunswick |
Nouvelle-Écosse |
Île-du-Prince-Édouard |
Terre-Neuve-et-Labrador |
Yukon |
Services de santé non assurés |
Démographie |
-0,3 % |
2,5 % |
-2,0 % |
0,5 % |
2,5 % |
2,1 % |
1,7 % |
9,6 % |
-0,5 % |
4,1 % |
2,7 % |
Volume |
2,1 % |
1,3 % |
2,3 % |
0,8 % |
0,6 % |
3,3 % |
0,6 % |
-0,3 % |
-2,4 % |
0,4 % |
2,3 % |
Combinaison de médicaments, autres médicaments |
3,2 % |
0,5 % |
5,0 % |
5,8 % |
5,2 % |
3,2 % |
4,7 % |
6,7 % |
5,5 % |
3,1 % |
4,2 % |
Combinaison de médicaments, médicaments antiviraux à action directe |
-7,1 % |
-2,3 % |
-0,4 % |
-3,1 % |
-1,4 % |
-1,9 % |
-3,2 % |
0,0 % |
0,2 % |
-11,0 % |
0,0 % |
Variation de prix |
-0,9 % |
-1,0 % |
-1,0 % |
-1,2 % |
-1,1 % |
-0,8 % |
-0,9 % |
-0,6 % |
-0,9 % |
-1,0 % |
-0,6 % |
Substitution |
-1,0 % |
-1,7 % |
-1,8 % |
-1,3 % |
-2,0 % |
-3,0 % |
-1,1 % |
-1,4 % |
-0,5 % |
-0,7 % |
-1,6 % |
Effets de traction totaux |
5,1 % |
4,3 % |
5,4 % |
7,1 % |
8,3 % |
8,6 % |
7,0 % |
16,0 % |
2,6 % |
7,7 % |
9,2 % |
Effets de poussée totaux |
-9,1 % |
-4,9 % |
-3,2 % |
-5,6 % |
-4,5 % |
-5,7 % |
-5,2 % |
-2,0 % |
-1,2 % |
-12,6 % |
-2,2 % |
Variation nette |
-3,8 % |
-0,8 % |
1,9 % |
1,7 % |
3,4 % |
3,0 % |
1,8 % |
13,4 % |
1,9 % |
-5,6 % |
6,4 % |
Coûts des médicaments en millions de dollars |
1 069,7 $ |
730,6 $ |
359,2 $ |
334,7 $ |
4 889,4 $ |
191,9 $ |
183,1 $ |
32,3 $ |
116,6 $ |
13,4 $ |
459,7 $ |
De plus en plus de médicaments onéreux, souvent utilisés dans le traitement de petites populations de patients, sont payés par les régimes publics d’assurance médicaments.
En 2016-2017, les régimes publics d’assurance-médicaments du SNIUMP ont accordé le remboursement de 86 médicaments dont le coût annuel moyen par bénéficiaire actif dépassait 10 000 $, ce qui constitue une augmentation considérable par rapport aux 47 médicaments remboursés au cours des six années précédentes. Ces médicaments, qui représentaient plus du quart des coûts totaux des médicaments, étaient utilisés par un très faible pourcentage de bénéficiaires actifs (1,7 %). Bien que la part des dépenses en médicaments utilisés dans le traitement de l’hépatite C ait reculé au cours de la dernière année, cette réduction a été largement compensée par l’augmentation de la part des dépenses représentée par les autres médicaments onéreux.
Description de la figure
Ce graphique à colonnes empilées et le tableau qui l’accompagne présentent les tendances relatives aux médicaments onéreux de 2011-2012 à 2016-2017. Un graphique indique la part des coûts pour les médicaments onéreux répartis selon le coût moyen par bénéficiaire actif : de 10 000 $ à 20 000 $, de 20 000 $ à 50 000 $, et plus de 50 000 $. La part des nouveaux médicaments antiviraux à action directe pour l’hépatite C est rapportée séparément. Le tableau présente le nombre total de molécules à coût élevé, la proportion de bénéficiaires qui utilisent ces médicaments et la part des ordonnances qu’ils représentent.
Part des médicaments onéreux dans les coûts totaux des médicaments
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|
2011/12 |
2012/13 |
2013/14 |
2014/15 |
2015/16 |
2016/17 |
Nombre total de molécules |
47 |
56 |
63 |
75 |
82 |
86 |
Coûts totaux pour tous les médicaments onéreux en millions de dollars |
865,2 $ |
1 075,7 $ |
1 258,6 $ |
1 408,7 $ |
2 235,7 $ |
2 327,2 $ |
Coût moyen par bénéficiaire actif de 10 000 $ à 20 000 $ : part du coût total des médicaments |
7,2 % |
8,8 % |
10,3 % |
10,6 % |
10,3 % |
11,4 % |
Coût moyen par bénéficiaire actif de 20 000 $ à 50 000 $ : part du coût total des médicaments |
4,4 % |
5,4 % |
5,8 % |
6,7 % |
7,1 % |
8,0 % |
Coût moyen par bénéficiaire actif de plus de 50 000 $ : part du coût total pour les médicaments antiviraux à action directe |
0 % |
0 % |
0 % |
0 % |
7,3 % |
4,8 % |
Coût moyen par bénéficiaire actif de plus de 50 000 $ : part du coût total pour les autres médicaments |
1,0 % |
1,3 % |
1,6 % |
2,0 % |
2,4 % |
3,5 % |
Médicaments onéreux : part des bénéficiaires actifs |
0,9 % |
1,0 % |
1,2 % |
1,3 % |
1,5 % |
1,7 % |
Médicaments onéreux : part des ordonnances totales |
0,16 % |
0,18 % |
0,20 % |
0,22 % |
0,27 % |
0,29 % |
Les médicaments onéreux figurent parmi les principaux facteurs contribuant à l’effet de la combinaison de médicaments
Le remplacement des médicaments moins coûteux par des médicaments à coût plus élevé, autres que ceux utilisés pour traiter l’hépatite C, a entraîné une hausse de 4,4 % des coûts des médicaments en 2016-2017. Les médicaments ophtalmologiques ont contribué à la fois positivement (Eylea) et négativement (Lucentis) à la hausse des coûts des médicaments, leurs effets respectifs s’annulant presque complètement. La plupart des autres déterminants importants étaient les produits oncologiques par voie orale, les immunosuppresseurs et les antiviraux à coût élevé. Les autres principaux facteurs contributifs étaient les médicaments utilisés par une population bénéficiaire plus vaste pour traiter des affections plus courantes.
Description de la figure
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Coût moyen par bénéficiaire |
Nombre total de bénéficiaires |
Coût du médicament, M$ (part en %) |
Catégorie thérapeutique ATC de niveau 2 |
Nom commercial (molécule) |
Contribution à l’effet combinaison de médicaments |
Dix principaux médicaments contribuant à l’effet de « pression à la hausse » |
7 800 $ |
24 143 |
188,3 $ (2,2 %) |
Médicaments ophtalmologiques |
Elyea (aflibercept) |
1,4 % |
64 604 $ |
599 |
38,7 $ (0,5 %) |
Agents antinéoplasiques |
Imbruvica (ibrutinib) |
0,4 % |
870 $ |
94 444 |
82,2 $ (1,0 %) |
Agents antithrombotiques |
Eliquis (apixaban) |
0,4 % |
67 015 $ |
1 844 |
123,6 $ (1.5 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Revlimid (lénalidomide) |
0,3 % |
29 665 $ |
13 453 |
399,1 $ (4,8 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Remicade, Inflectra (infliximab) |
0,3 % |
764 $ |
48 416 |
37 $ (0,4 %) |
Médicaments pour traiter le diabète |
Invokana (canagliflozine) |
0,3 % |
16 876 $ |
15 645 |
264 $ (3,1 %) |
Agents immunosuppresseurs |
Humira (adalimumab) |
0,3 % |
11 394 $ |
2 912 |
33,2 $ (0,4 %) |
Antiviraux pour traiter les infections à VIH/le sida |
Triumeq (abacavir, lamivudine, dolutégravir) |
0,2 % |
948 $ |
106 002 |
100,5 $ (1,2 %) |
Médicaments pour traiter le diabète |
Janumet (sitagliptine, metformine) |
0,2 % |
20 280 $ |
1 091 |
22,1 $ (0,3 %) |
Traitement endocrinien |
Xtandi (enzalutamide) |
0,2 % |
Principaux médicaments contribuant à l’effet de « pression à la baisse » |
8 387 $ |
26 057 |
218,5 $ (2,6 %) |
Médicaments ophtalmologiques |
Lucentis (ranibizumab) |
-1,2 % |
Les produits biosimilaires pourraient
permettre de réaliser des économies
futures, à mesure que les effets de la
réduction des prix des médicaments
génériques s’atténueront
Plusieurs produits biosimilaires ont récemment fait leur entrée sur le marché canadien, parmi lesquels figurent des produits biosimilaires de certains des médicaments les plus vendus, comme Remicade, Enbrel et Lantus. Cependant, leur adoption sur le marché s’est faite de manière relativement lente, car ces produits ne sont pas considérés comme étant interchangeables avec les médicaments biologiques de référence et ils pourraient ne pas être approuvés pour la même indication au moment de leur lancement. En 2016-2017, les produits biosimilaires de Remicade et de Neupogen ne représentaient que 1,6 % et 4,7 % du volume des ordonnances pour leur molécule respective, entraînant ainsi des économies minimes. Les rabais, qui ont également des répercussions sur les économies potentielles, variaient considérablement d’un produit à l’autre, allant de 25 % à 47 %.
Description de la figure
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Médicament biologique de référence |
Produit biosimilaire |
Nom commercial (molécule) |
Coût du médicament,
M$ (part en %) |
Nom commercial |
Autorisation de mise en marché |
Premier remboursement |
Rabais accordé |
Part des ordonnances |
Remicade (infliximab) |
396,3 $
(4,7 %) |
Inflectra |
2014/01/15 |
T1 2016 |
46,8 % |
1,6 % |
Lantus (insuline glargine) |
137,7 $
(1,6 %) |
Basaglar |
2015/09/01 |
T3 2017 |
25,0 % |
S.O. |
Neupogen (filgrastime) |
42,4 $
(0,5 %) |
Grastofil |
2015/12/07 |
T4 2016 |
25,0 % |
4,7 % |
Enbrel (étanercept) |
159,6 $
(1,9 %) |
Brenzys |
2016/08/31 |
T3 2017 |
33,7 % |
S.O. |
Erelzi |
2017/04/06 |
S.O. |
37,2 % |
S.O. |
Remarque : L’analyse des inducteurs de coût suit l’approche décrite en détail dans le rapport du CEPMB intitulé « Les facteurs de coût associés aux dépenses en médicaments d’ordonnance : un rapport méthodologique, 2013 ».
Source de données : Les données proviennent de la base de données du SNIUMP de l’Institut canadien d’information sur la santé.
Le SNIUMP est une initiative de recherche qui fonctionne indépendamment des activités de réglementation du CEPMB.