Les facteurs de coût des régimes privés d’assurance-médicaments au canada, de 2008 à 2015
PDF - 400 ko
La lente croissance des dernières années a fait place à une hausse progressive des dépenses en médicaments d’ordonnance au Canada. Le présent rapport analyse les tendances récentes des dépenses des régimes privés d’assurance-médicaments au Canada, en portant une attention particulière aux coûts des médicaments en 2015. Il étudie les facteurs de changement, cerne les plus importantes pressions exercées sur les coûts et évalue leur incidence sur les niveaux de dépenses. La présente étude complète le rapport annuel CompasRx du CEPMB, qui présente une analyse semblable dans le contexte des régimes publics.
Le présent rapport s’inscrit dans une série de trois rapports du CEPMB sur l’analyse des tendances des régimes privés d’assurance-médicaments au Canada. L’objectif est de fournir aux décideurs et aux parties intéressées des indications utiles sur les sources des pressions exercées sur les coûts dans les régimes privés, pour ainsi les aider à prévoir les tendances et à déterminer les possibilités d’économies.
L’analyse des inducteurs de coût de la présente étude cible cinq grands facteurs qui contribuent à l’augmentation des dépenses en médic aments, à savoir les changements dans la population de bénéficiaires (effet « démographie »), dans le volume de médicaments consommés (effet « volume »), dans l’utilisation des médicaments (effet « combinaison de médicaments »), dans l’établissement des prix des médicaments (effet « prix ») et dans l’utilisation de médicaments génériques (effet « substitution par des médicaments génériques »).
De récentes tendances dans les régimes privés laissent entrevoir une hausse marquée des coûts des médicaments résultant en grande partie de l’offre de médicaments plus récents et plus dispendieux. La diminution des prix des médicaments génériques et la disponibilité accrue de molécules génériques, qui avaient fait baisser les dépenses au cours des dernières années, ont maintenant une incidence moindre et ne peuvent plus compenser les pressions croissantes qu’exercent sur les coûts les effets de la démographie et de la combinaison de médicaments.
Description de la figure
Ce graphique décrit les facteurs qui ont eu une incidence sur les taux de variation des coûts des médicaments dans les régimes privés d’assurance-médicaments au Canada de 2008 à 2015.
Année |
Effets « démographie » |
Effets « combinaison de médicaments » |
Effets « volume » |
Effets « prix » |
Effets croisés |
Variation nette |
Effets « poussée » totaux |
2008 |
7,3 % |
3,2 % |
0,2 % |
-0,5 % |
0,1 % |
10,3 % |
10,7 % |
2009 |
1,8 % |
3,0 % |
3,5 % |
0,2 % |
-0,2 % |
8,3 % |
8,3 % |
2010 |
2,9 % |
3,2 % |
0,9 % |
-2,1 % |
-0,3 % |
4,6 % |
6,9 % |
2011 |
4,4 % |
2,6 % |
1,1 % |
-4,5 % |
-0,3 % |
3,3 % |
8,1 % |
2012 |
5,2 % |
3,7 % |
0,3 % |
-6,0 % |
-0,5 % |
2,7 % |
9,2 % |
2013 |
2,5 % |
3,5 % |
1,2 % |
-4,5 % |
-0,5 % |
2,2 % |
7,1 % |
2014 |
3,2 % |
4,2 % |
0,6 % |
-2,7 % |
0,4 % |
5,8 % |
8,5 % |
2015 |
4,0 % |
5,6 % |
-0,9 % |
-2,2 % |
-0,2 % |
6,2 % |
9,5 % |
Effet de la démographie en hausse de 4,0 %
Des changements dans la population de bénéficiaires ont fait augmenter le coût des médicaments de 4,0 % en 2015.
Cette augmentation est principalement due à la hausse de 3,3 % du nombre de bénéficiaires actifs. Également en cause, le vieillissement de la population a fait augmenter les coûts de 0,7 % en raison du nombre plus élevé de bénéficiaires de 55 à 64 ans, qui représente une part croissante de la population de bénéficiaires (17,4 % en 2015, par rapport à 13,2 % en 2005). Ce groupe d’âge enregistre la moyenne de dépenses la plus élevée par bénéficiaire actif (environ 1 000 %) dans les régimes privés d’assurancemédicaments. Les aînés (65 ans et plus) y forment également un groupe en émergence, représentant 7,3 % de la population de bénéficiaires en 2015. Toutefois, la moyenne des dépenses par aîné est relativement faible (environ 600 $) dans les régimes privés, représentant ainsi une partie seulement de l’utilisation et du coût des médicaments, en raison de la coordination avec leur couverture du régime public.
Le coût par bénéficiaire actif est à la hausse depuis les trois dernières années pour tous les groupes d’âge. Cette hausse fait suite à la baisse importante enregistrée de 2010 à 2012 alors que la diminution du nombre de brevets et une baisse marquée des prix des médicaments génériques avaient fait diminuer les coûts des médicaments pour des maladies chroniques, principalement utilisés par les bénéficiaires plus âgés.
Description de la figure
Ce graphique à barres illustre le coût moyen annuel des médicaments par bénéficiaire actif, de 2005 à 2015, pour trois groupes d’âge : de 0 à 24 ans; de 25 à 54 ans; et de 55 à 64 ans.
Année |
0‒24 ans |
25‒54 ans |
55‒64 ans |
2005 |
159,3 |
456,6 |
906,6 |
2006 |
169,1 |
487,1 |
969,5 |
2007 |
183,6 |
515,7 |
1 013,4 |
2008 |
191,1 |
533,2 |
1 027,2 |
2009 |
203,7 |
570,9 |
1 089,3 |
2010 |
214,9 |
585,9 |
1 084,8 |
2011 |
219,8 |
582,7 |
1 036,4 |
2012 |
221,8 |
560,5 |
951,9 |
2013 |
239,1 |
580,5 |
956,0 |
2014 |
248,6 |
595,6 |
973,2 |
2015 |
260,8 |
607,7 |
989,9 |
Effet du panier de médicaments en hausse de 5,6 %
L’effet « combinaison de médicaments » est de plus en plus marqué depuis quelques années (de 2012 à 2015). L’offre de médicaments plus dispendieux sur le marché et la tendance à remplacer des médicaments moins coûteux par des médicaments plus coûteux ont fait augmenter les coûts de 4,2 % en 2014 et de 5,6 % en 2015, une hausse par rapport à quelque 3 % par année de 2008 à 2011.
Les cinq principaux médicaments ayant contribué à la hausse des coûts ont eu une incidence plus marquée en 2015 qu’en 2014, principalement en raison de l’offre des nouveaux médicaments pour traiter l’hépatite C, Sovaldi et Harvoni, qui ont contribué à faire augmenter les prix des médicaments, entraînant une hausse des coûts de 1,0 % en 2014 (Sovaldi) et de 2,0 % (Harvoni) en 2015. L’utilisation accrue de produits biologiques établis a aussi grandement contribué à l’effet « combinaison de médicaments ».
Description de la figure
Ce graphique à barres segmenté illustre l’incidence des cinq médicaments les plus vendus sur l’augmentation des coûts des médicaments en 2014 et 2015.
La barre de gauche pour 2014 montre une augmentation des coûts de 4,2 % attribuable à l’effet « combinaison de médicaments ». Les cinq médicaments les plus vendus en 2014 comptaient pour environ 2 % de l’augmentation observée.
2014 |
Part de l’augmentation des coûts (%) |
Sovaldi |
0,9 |
Tecfidera |
0,4 |
Humira |
0,3 |
Janumet |
0,2 |
Stelara |
0,2 |
La barre de droite pour 2015 montre une augmentation des coûts de 5,6 % attribuable à l’effet « combinaison de médicaments ». Les cinq médicaments les plus vendus en 2015 comptaient pour environ 3 % de l’augmentation observée. Le coût par bénéficiaire et l’utilisation par tranche de 1&nbs;;000 bénéficiaires actifs sont aussi fournis pour chacun de ces médicaments dans un tableau à côté du graphique.
2015 |
Part de l’augmentation des coûts (%) |
Coût annuel moyen par bénéficiaire calculé en fonction de l’utilisation réelle dans les régimes privés d’assurance-médicaments |
Utilisation par tranche de 1 000 bénéficiaires actifs |
Harvoni |
1,8 |
57 529 $ |
0,20 |
Humira |
0,4 |
15 029 $ |
1,36 |
Invokana |
0,3 |
593 $ |
3,77 |
Xolair |
0,2 |
17 208 $ |
0,26 |
Aubagio |
0,2 |
12 972 $ |
0,13 |
Effet croisé en baisse de 0,2 %
L’effet croisé est le résultat de l’interaction de différents effets.
Effet du volume en baisse de 0,9 %
Une baisse du nombre d’ordonnances dans certaines provinces et certains territoires a fait diminuer les coûts de 0,9 % en 2015.
Cette diminution des coûts a principalement été causée par la baisse du volume d’ordonnances auprès des bénéficiaires de Terre-Neuve-et-Labrador et du Manitoba.
Effet du prix en basse de 0,3 %
La diminution des prix des médicaments génériques et l’augmentation des prix des médicaments de marque ont entraîné, en contrepartie, une diminution des prix de l’ordre de 0,3 % en 2015.
Bien que l’effet « prix » ait grandement contribué à faire baisser les coûts il y a plusieurs années, notamment grâce à l’adoption d’importantes politiques d’établissement des prix des médicaments génériques, ce facteur est à l’origine d’une légère baisse de coûts des médicaments en 2015.
Malgré que la baisse des prix des médicaments génériques enregistrée grâce aux politiques provinciales profite aux régimes privés d’assurance-médicaments, certains médicaments génériques
populaires ne sont pas visés par les règles provinciales d’établissement des prix, et demeurent relativement dispendieux.
Description de la figure
Molécules pour lesquelles le prix du médicament générique est élevé par rapport à celui du médicament de marque de référence, 2015
Médicament
(Marché des médicaments
génériques) |
Rang
(Marché des médicaments
génériques) |
Part du coût
(Marché des médicaments
génériques) |
Dosage
(Marché des médicaments
génériques) |
Médicament
générique
(Coût unitaire) |
Médicament
de marque
(Coût unitaire) |
Rapport de
prix du
médicament
générique
(Coût unitaire) |
Esomeprazole |
1 |
4,8 % |
40 mg |
2,0 |
2,5 |
80 % |
Montelukast |
11 |
1,5 % |
10 mg |
1,5 |
2,4 |
62 % |
Levetiracetam |
28 |
0,9 % |
500 mg |
1,3 |
1,9 |
69 % |
Effet du remplacement par des médicaments génériques en basse de 1,9 %
Une tendance plus importante à remplacer les médicaments par des produits génériques dans les régimes privés d’assurance-médicaments a entraîné une baisse des prix de l’ordre de 1,9 %
en 2015.
Le remplacement de médicaments de marque plus dispendieux par des produits génériques a entraîné un effet moins marqué en 2015 que dans les années antérieures, principalement en raison de l’incidence de moins en moins grande de l’expiration des brevets.
Malgré que, dans les régimes privés d’assurance-médicaments, le taux de substitution de produits populaires par des médicaments génériques soit élevé, avoisinant celui des régimes publics établi entre 93 % et 97 %, le fait de limiter le remboursement des médicaments de marque aux prix des médicaments génériques pourrait permettre aux régimes privés de réaliser des économies, étant donné que les produits de marque non brevetés sont remboursés à des coûts unitaires beaucoup plus élevés.
Description de la figure
Ce graphique à barres compare les montants moyens remboursés pour les versions de marque et génériques connexes des cinq médicaments les plus vendus dans les régimes privés d’assurance médicaments en 2015.
|
Médicament de marque (coût unitaire moyen) |
Médicament générique (coût unitaire moyen) |
Atorvastatin 20 mg |
1,98 $ |
0,54 $ |
Rosuvastatin 10 mg |
1,05 $ |
0,33 $ |
Pantoprazole 40 mg |
2,19 $ |
0,57 $ |
Venlafaxine 75 mg |
1,77 $ |
0,45 $ |
Zopiclone 7,5 mg |
1,38 $ |
0,48 $ |
Source de données : Base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments à paiement direct d’IMS Brogan (taux de saisie de 85,7 %).
Méthode : L’analyse des facteurs de coût suit l’approche détaillée dans le rapport 2013 du CEPMB intitulé Les facteurs de coûts associés aux dépenses en médicaments d’ordonnance – Un rapport méthodologique.
Avis de non-responsabilité : Bien qu’elles s’appuient en partie sur les données autorisées provenant d’IMS Brogan, les déclarations, constatations, conclusions et opinions exprimées dans le présent rapport sont exclusivement celles du CEPMB et ne peuvent être attribuées à IMS Brogan.
Le SNIUMP est une initiative de recherche qui fonctionne indépendamment des activités de réglementation du CEPMB.