Utilisation des médicaments contre le diabète dans les régimes publics d’assurance-médicaments du Canada
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Au Canada, les coûts associés au traitement du diabète ont rapidement augmenté au cours des dernières années. Bien que la prévalence croissante de la maladie puisse avoir une incidence, les traitements plus coûteux ont été un important inducteur de coût, particulièrement étant donné l’utilisation accrue de nouveaux médicaments plus dispendieux. La présente étude analyse ces enjeux du point de vue des régimes publics d’assurance-médicaments canadiens et offre de plus amples renseignements sur l’utilisation actuelle des nouveaux médicaments contre le diabète plus dispendieux et les pressions financières connexes. Les résultats portent sur tous les régimes publics d’assurance médicaments participant au Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP) soit ceux de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario, du Nouveau Brunswick, de la Nouvelle Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, de Terre-Neuve-et-Labrador et du régime d’assurance-médicaments des services de santé non assurés de Santé Canada. La présente analyse aidera les décideurs et la communauté d’évaluation des technologies de la santé à déterminer l’incidence future des traitements du diabète sur leurs régimes.
Résultats Clés
1. Bien que les médicaments contre le diabète représentent une part importante et croissante du marché pharmaceutique canadien, ces tendances sont encore plus prononcées dans les régimes publics d’assurance-médicaments.
Avec des ventes de près de 1,2 milliard de dollars, les médicaments contre le diabète représentaient une part de 5,7 % du marché canadien en 2014-2015. La part correspondante s’élevait à 8,4 % dans les régimes publics d’assurance médicaments du SNIUMP, ce qui représente une augmentation marquée comparativement à 2010-2011, où cette part s’élevait à 5,1 %.
Description de la figure
Ce graphique à barres et le tableau connexe présentent la part des médicaments contre le diabète dans les dépenses pharmaceutiques de l’exercice 2010-2011 à l’exercice 2014-2015.
Le graphique à barres contient deux entrées par année. La première présente la part des ventes au détail nationales sous forme de pourcentage des dépenses pharmaceutiques, et la deuxième présente la part des coûts des régimes publics du SNIUMP.
Ventes au détail nationales : 2010-2011, 3,8 %; 2011-2012, 4,2 %; 2012-2013, 4,7 %; 2013-2014, 5,3 %; 2014-2015, 5,7 %.
Régimes publics du SNIUMP : 2010-2011, 5,1 %; 2011-2012, 5,6 %; 2012-2013, 6,7 %; 2013-2014, 7,5 %; 2014-2015, 8,4 %.
Le tableau connexe présente la part réelle des ventes en millions de dollars.
Ventes au détail nationales : 2010-2011, 759 $; 2011-2012, 821 $; 2012-2013, 924 $; 2013-2014, 1,034 $; 2014-2015, 1 163 $.
Régimes publics du SNIUMP : 2010-2011, 290 $; 2011-2012, 335 $; 2012-2013, 398 $; 2013-2014, 457 $; 2014-2015, 514 $.
2. La croissance rapide des coûts associés aux médicaments contre le diabète au sein des régimes publics d’assurance-médicaments a devancé la croissance des coûts généraux des médicaments.
Alors que le taux de variation du coût de tous les médicaments a été faible ou négatif au cours des dernières années, et ce, principalement en raison des économies réalisées grâce aux médicaments génériques, la part du marché des médicaments contre le diabète a connu un taux de croissance de plus de 10 %, se fixant en moyenne à 17 % par année de 2010-2011 à 2014-2015.
Description de la figure
Ce graphique à barres présente les taux annuels de croissance des coûts pour tous les médicaments comparativement aux médicaments contre le diabète, de l’exercice 2011-2012 à l’exercice 2014-2015.
Tous les médicaments : 2011-2012, 0,3 %; 2012-2013, - 1,5 %; 2013-2014, 2,0 %, 2014-2015, 2,3 %.
Médicaments contre le diabète : 2011-2012, 16 %; 2012-2013, 19 %; 2013-2014, 15 %, 2014-2015, 13 %.
3. Le diabète et les régimes publics : plus de patients, plus d’ordonnances et plus de médicaments coûteux.
De 2010-2011 à 2014-2015, les coûts associés aux médicaments contre le diabète ont augmenté de 76 % dans les régimes publics d’assurance-médicaments du SNIUMP. Dans le cadre de cette croissance générale :
- une part de 22 % était attribuable à une augmentation du nombre de patients atteints de diabète;
- une part de 19 % était attribuable au fait que chaque patient avait un plus grand nombre d’ordonnances pour des médicaments contre le diabète;
- une part de 35 % était attribuable à un coût accru par ordonnance en raison de l’utilisation accrue des médicaments contre le diabète plus coûteux.
Description de la figure
Une seule barre illustre sous forme graphique l’incidence des facteurs de croissance des coûts des médicaments contre le diabète de 2010-2011 à 2014-2015. Sur la croissance des coûts de 76 % observée au cours de cette période, 22 % résultait de l’augmentation du nombre de patients et 54 % résultait de l’augmentation des coûts de traitement. Les coûts de traitement comprennent une augmentation de 19 % du volume des ordonnances et une augmentation de 35 % du coût par ordonnance.
4. Les coûts des traitements contre le diabète ont augmenté au cours des dernières années.
Bien que l’insuline domine le coût des traitements, les inhibiteurs de l’enzyme dipeptidyl peptidase 4 (DPP-4) représentent une part du marché émergente.
Les coûts associés au traitement de 1 000 patients atteints de diabète ont augmenté, pour passer de 294 550 $ en 2010-2011 à 436 754 $ en 2014-2015. Une analyse des médicaments suggère qu’une grande part de la croissance était attribuable à l’utilisation de nouveaux traitements par l’insuline à action prolongée plus coûteux (p. ex.abbr> Lantus et Levemir) et d’une nouvelle catégorie de médicaments, les DPP-4.
Description de la figure
Ce graphique à aires tracées présente le coût moyen des traitements contre le diabète pour 1 000 bénéficiaires, de l’exercice 2010-2011 à l’exercice 2014-2015.
|
2010/11 |
2011/12 |
2012/13 |
2013/14 |
2014/15 |
Autres agents antiglycémiques |
7 301 $ |
4 984 $ |
4 014 $ |
3 524 $ |
3 242 $ |
Thiazolidinédiones |
41 711 $ |
25 126 $ |
13 208 $ |
7 713 $ |
5 021 $ |
Sulfonylurées |
23 892 $ |
24 440 $ |
23 911 $ |
23 180 $ |
22 155 $ |
DPP-4 |
15 361 $ |
46 445 $ |
70 721 $ |
90 390 $ |
102 444 $ |
Metformine |
62 475 $ |
59 507 $ |
69 655 $ |
76 665 $ |
85 855 $ |
Insuline |
143 810 $ |
161 966 $ |
185 974 $ |
203 083 $ |
218 037 $ |
5. Les nouveaux produits d’insuline à action prolongée et les DPP-4 plus coûteux ont été les principaux facteurs de coûts associés aux médicaments contre le diabète au sein des régimes publics.
À eux seuls, ces médicaments ont eu un important effet de poussée sur les coûts des médicaments contre le diabète, qui sont passés de 19 % en 2011-2012 à 9 % en 2014-2015. Il faut noter que ces résultats sont dominés par l’incidence sur les régimes publics d’assurance-médicaments de l’Ontario, compte tenu de la taille de ce marché.
Le taux d’utilisation des thiazolidinediones (Actos et Avandia) a diminué en raison de préoccupations associées à leur innocuité. Bien que cette diminution ait eu un effet de poussée sur les coûts des médicaments contre le diabète, elle a été compensée par une augmentation d’autres options de traitement contre le diabète.
Description de la figure
Cette illustration consiste en un graphique à barres illustrant la contribution de chaque sous-groupe de médicaments contre le diabète à l’augmentation des coûts, de l’exercice 2011-2012 à l’exercice 2014-2015.
Médicament contre le diabète |
2011/12 |
2012/13 |
2013/14 |
2014/15 |
Insuline à action prolongée |
6,95 % |
8,64 % |
6,38 % |
4,85 % |
Autres types d’insuline |
2,56 % |
1,54 % |
0,78 % |
1,35 % |
Metformine |
0,01 % |
4,02 % |
2,94 % |
3,20 % |
DPP-4 |
11,51 % |
8,20 % |
6,17 % |
3,88 % |
Sulfonylurées |
0,60 % |
0,09 % |
0,05 % |
-0,03 % |
Thiazolidinédiones |
-4,95 % |
-3,29 % |
-1,30 % |
-0,57 % |
Autres agents antiglycémiques |
-0,64 % |
-0,23 % |
-0,08 % |
-0,03 % |
Le tableau connexe présente le coût moyen par ordonnance pour chaque sous-groupe de médicaments.
Médicament contre le diabète |
Coût moyen par ordonnance 2014-2015 |
Insuline à action prolongée |
159 $ |
Autres types d’insuline |
85 $ |
Metformine |
15 $ |
DPP-4 |
87 $ |
Sulfonylurées |
9 $ |
Thiazolidinédiones |
58 $ |
Autres agents antiglycémiques |
23 $ |
6. Plusieurs patients atteints de diabète suivent une thérapie d’association (insuline et agents oraux) afin de gérer leur hyperglycémie.
Les recommandations de thérapie optimale de l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé sur les thérapies de deuxième et de troisième lignes suggèrent l’utilisation de l’insuline NPH (insuline à effet intermédiaire) lorsque la metformine et la sulfonylurée ne sont pas suffisantes pour contrôler l’hyperglycémie. Les DPP-4 sont uniquement recommandés lorsque l’insuline n’est pas une
option. La présente analyse a révélé que 20 % des patients couverts par le régime public de l’Ontario avaient utilisé des DPP-4 et de l’insuline au cours de la même année. Les écarts entre les
administrations peuvent être attribuables à la conception du régime et aux décisions relatives à l’inscription aux formulaires.
Description de la figure
Ce graphique à barres illustre la part des patients suivant une thérapie d’association d’insulines dans trois régimes publics d’assurance-médicaments, pour l’exercice 2014-2015, par groupe de médicaments.
SSNA : DPP-4, 10 %; sulfonylurées, 23 %; metformine, 61 %.
Saskatchewan : DPP-4, 5 %; sulfonylurées, 16 %; metformine, 52 %.
Ontario : DPP-4, 20 %; sulfonylurées, 21 %; metformine, 57 %.
Sources de données : *Base de données du SNIUMP, Institut canadien d’information sur la santé. † Base de données MIDASMC, secteur du détail, ventes départ-usine, IMS AG. Tous droits réservés.
Limites : Les résultats présentés ne reflètent pas les prix négociés dans le cadre des ententes confidentielles concernant la liste des produits.
Période : Exercices financiers de 2010-2011 à 2014-2015.
Avis de non responsabilité : Bien qu’ils se fondent en partie sur les données obtenues de l’Institut canadien d’information sur la santé ou fournies aux termes de la licence de la base de données MIDASMC d’IMS AG, les énoncés, les constatations, les conclusions, les points de vue et les opinions exprimés dans le présent rapport sont exclusivement ceux du CEPMB et ne sont pas imputables à l’Institut canadien d’information sur la santé ou à IMS AG.
Le SNIUMP est une initiative de recherche qui fonctionne indépendamment des activités de réglementation du CEPMB.