Facteurs de coût des régimes privés d’assurance-médicaments au Canada, 2017

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Les assureurs privés sont le deuxième plus important payeur de médicaments sur ordonnance au Canada et financent plus d’un tiers de toutes les dépenses en médicaments prescrits. Cette étude détermine et analyse les pressions en constante évolution qui entraînent des modifications annuelles dans les dépenses liées aux régimes d’assurance-médicaments privés, y compris les changements dans la population de bénéficiaires (effet « démographie »), dans la quantité de médicaments consommés (effet « volume »), dans les différences de prix entre les médicaments abordables et chers (effet « combinaison de médicaments »), dans le prix des médicaments et le passage des médicaments de marque aux médicaments génériques ou biosimilaires (effet « prix »). La croissance globale des dépenses au cours d’une année donnée découle directement de ces effets contraires de « poussée » et de « traction ».

Les résultats de cette étude sont fondés sur les données de 2008 à 2017 de la base de données du régime d’assurance-médicaments privé IQVIAMC, en mettant l’accent sur l’évolution des dépenses en médicaments entre 2016 et 2017. Cette étude complète d’autres rapports du CEPMB sur les régimes d’assurance-médicaments privés ainsi que les conclusions du rapport annuel CompassRx du CEPMB, qui présente une analyse semblable de l’environnement de ces régimes.

Depuis 2010, c’est en 2017 que le coût des médicaments a le plus augmenté

Sous l’effet des pressions croissantes exercées par les médicaments plus chers et la réduction des économies liées aux médicaments génériques, le coût des médicaments dans les régimes privés a augmenté de façon marquée au cours des quatre dernières années. Cette situation fait suite à une période de faible croissance de 2010 à 2013, où les pressions à la hausse sur les coûts ont été maîtrisées par des économies substantielles découlant des substitutions génériques et des réductions de prix. Dans l’ensemble, les coûts des médicaments ont augmenté de 6,4 % en 2017, ce qui est supérieur au taux de croissance annuel composé (TCAC) de 4,9 % sur 10 ans.

L’utilisation de médicaments plus chers (effet « combinaison de médicaments ») est un facteur de coût à l’importance croissante. La pression croissante qu’elle exerce sur les dépenses, qui variait de 2,6 % à 3,7 % durant la première partie de la dernière décennie, a atteint un sommet de 4,9 % en 2017. Ce résultat global ne tient pas compte de la légère pression à la baisse exercée par les médicaments antiviraux à action directe (AAD) contre l’hépatite C en 2017. Les médicaments AAD, qui ont eu une incidence importante, mais parfois opposée, sur la croissance des coûts des médicaments au cours des dernières années, ont été déclarés séparément dans la présente analyse.

Le changement démographique a également contribué à l’effet de poussée plus élevé que la moyenne en 2017. Cela s’explique notamment par l’augmentation du nombre de bénéficiaires, ainsi que par le fait que des bénéficiaires actifs atteignent l’âge de 55 ans et plus, le groupe d’âge le plus cher. L’effet « volume », plutôt stable au cours des dernières années, a exercé une poussée à la hausse presque négligeable de 0,1 % sur les coûts des médicaments en 2017.

Les économies réalisées grâce à la substitution générique et biosimilaire, ainsi que les réductions de prix, se sont stabilisées au cours des dernières années. En réduisant les coûts de seulement 2,2 % en 2017, ils n’ont pas été en mesure de compenser les pressions croissantes des effets « démographie » et « combinaison de médicaments ».

Facteurs de coût des médicaments, de 2008 à 2017

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Section 1

Description de la figure

Diagramme sur les facteurs de coûts

Le présent diagramme à colonnes présente les facteurs principaux ayant une incidence sur les coûts annuels en médicaments des régimes d’assurance-médicaments privés du Canada de 2008 à 2017 : démographie, volume, fluctuation des prix et effet « combinaison de médicaments ». L’effet combinaison de médicaments pour les médicaments antiviraux à action directe contre l’hépatite C est signalé séparément. Les effets positifs ou de poussée totaux, les effets négatifs ou de traction totaux et les effets nets sont signalés pour chaque année.

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Effet 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Combinaison de médicaments, médicaments antiviraux à action directe 0,0 % 0,0 % 0,0 % 0,0 % 0,0 % 0,0 % 1,0 % 1,5 % -1,4 % -0,2 %
Combinaison de médicaments, autres médicaments 3,2 % 3,0 % 3,2 % 2,6 % 3,7 % 3,5 % 3,2 % 4,1 % 4,2 % 4,9 %
Démographie 7,3 % 1,8 % 2,9 % 4,4 % 5,2 % 2,5 % 3,2 % 4,0 % 2,3 % 4,0 %
Volume 0,2 % 3,5 % 0,9 % 1,1 % 0,3 % 1,2 % 0,6 % -0,9 % 2,0 % 0,1 %
Fluctuation des prix -0,5 % 0,2 % -2,1 % -4,5 % -6,0 % -4,5 % -2,7 % -2,2 % -2,5 % -2,2 %
Effets de poussée totaux 10,7 % 8,3 % 6,9 % 8,1 % 9,2 % 7,1 % 8,5 % 9,5 % 7,1 % 8,8 %
Effets de traction totaux -0,4 % 0,1 % -2,4 % -4,9 % -6,5 % -5,0 % -2,7 % -3,3 % -2,7 % -2,3 %
Changement net 10,3 % 8,3 % 4,6 % 3,3 % 2,7 % 2,2 % 5,8 % 6,2 % 4,4 % 6,4 %

Les médicaments à coût élevé sont à l’origine de la plus grande part de l’effet « combinaison de médicaments »

Dix médicaments ont contribué à plus de la moitié de la poussée croissante de plus de 4,9 % de l’effet « combinaison de médicaments » en 2017. Le coût de traitement de la plupart était supérieur à 10 000 $, dont cinq immunosuppresseurs, un médicament oncologique et un médicament pour le traitement de la fibrose kystique. Les autres principaux contributeurs appartenaient aux classes antidiabétique et psychoanaleptique. Bien que le coût de traitement de ces médicaments soit moins élevé, ils sont utilisés par de plus grandes populations de bénéficiaires pour traiter des maladies plus courantes.

Même si l’Epclusa, utilisé dans le traitement de l’hépatite C, a été la principale cause de l’effet « combinaison de médicaments » en 2017, augmentant les coûts de 0,5 %, d’autres médicaments AAD ont fait baisser les coûts pour obtenir un effet net de -0,2 %. Cela peut refléter la dynamique globale du marché, telle que le lancement de nouveaux médicaments et l’évolution des politiques de remboursement, entre autres facteurs.

Principaux médicaments contribuant à l’effet « combinaison de médicaments », 2017

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Section 2

* Coût total des médicaments divisé par le nombre de bénéficiaires dans une année donnée, ce qui peut inclure les bénéficiaires dont les coûts de traitement sont incomplets.
† Utilisation et coût incomplets en raison de la coordination avec les prestations remboursées par le secteur public.

Description de la figure
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Coût moyen par bénéficiaire* Utilisation par tranche de 1 000 bénéficiaires actifs Coût du médicament (en millions de dollars) (part en %) Classe thérapeutique Nom commercial (molécule) Contribution à l’effet combinaison de médicaments
Dix principaux médicaments (à l’exclusion des AAD) contribuant à l’effet « combinaison de médicaments »
16,1 k$ 1,58 342,4 $ (4,1 %) Agents immunosuppresseurs Humira (adalimumab) 0,49 %
19,1 k$ 0,45 114,9 $ (1,4 %) Agents immunosuppresseurs Stelara (ustekinumab) 0,33 %
18,0 k$ 0,20 47,3 $ (0,6 %) Agents immunosuppresseurs Entyvio (vedolizumab) 0,29 %
28,8 k$ 1,01 387,4 $ (4,7 %) Agents immunosuppresseurs Remicade, Inflectra (infliximab) 0,28 %
39,1 k$ 0,05 25,1 $ (0,3 %) Agents immunosuppresseurs Ibrance (palbociclib) 0,27 %
1,8 k$ 3,82 94,3 $ (1,1 %) Médicaments pour traiter le diabète Victoza, Saxenda (liraglutide) 0,23 %
0,6 k$ 3,43 27,7 $ (0,3 %) Médicaments pour traiter le diabète Jardiance (empagliflozine) 0,21 %
0,7 k$ 9,86 92,2 $ (1,1 %) Psychoanaleptiques Vyvanse (lisdexamfetamine dimesilate) 0,20 %
12,6 k$ 0,18 30,9 $ (0,4 %) Agents immunosuppresseurs Cosentyx (sécukinumab) 0,20 %
126,7 k$ 0,01 92,2 $ (1,1 %) Autres médicaments des voies respiratoires Orkambi (ivacaftor & lumacaftor) 0,17 %
Principaux médicaments AAD contribuant à l’effet « combinaison de médicaments »
42,9 k$ 0,08 48 $ (0,6 %) Médicaments antiviraux à action directe contre l’hépatite C Epclusa (Sofosbuvir et velpatasvir) 0,52 %
39,0 k$ 0,03 14,6 $ (0,2 %) Médicaments antiviraux à action directe contre l’hépatite C Harvoni (lédipasvir/sofosbuvir)† -0,45 %
38,6 k$ ‹0,01 1,4 $ (‹0,1%) Médicaments antiviraux à action directe contre l’hépatite C Sovaldi (sofosbuvir)† -0,24 %

* Coût total des médicaments divisé par le nombre de bénéficiaires dans une année donnée, ce qui peut inclure les bénéficiaires dont les coûts de traitement sont incomplets.
† Utilisation et coût incomplets en raison de la coordination avec les prestations remboursées par le secteur public.

Le remboursement des médicaments de marque au prix des médicaments génériques augmenterait les économies pour les régimes privés

Les effets de réduction des coûts des substitutions génériques (-1,2 %) et des réductions de prix (-0,9 %) étaient presque identiques en 2017. Quoique la baisse des prix des médicaments génériques enregistrée grâce aux politiques provinciales ait profité aux régimes privés, certains des médicaments génériques les plus populaires, non visés par les règles provinciales d’établissement des prix (p. ex. l’esoméprazole), sont demeurés relativement dispendieux.

Les résultats suggèrent également que dans le cas des molécules les plus vendues qui sont disponibles en médicaments génériques, les régimes privés remboursent une partie importante de l’utilisation de la marque à des coûts unitaires beaucoup plus élevés que les coûts génériques. Des économies importantes pourraient être réalisées grâce à l’augmentation du remboursement des médicaments génériques ou à la limitation du remboursement du produit de marque au prix des médicaments génériques.

Médicaments génériques les plus vendus, 2017

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Section 3

* Basé sur le volume des prescriptions.
† Force et forme de vente les plus élevées.

Description de la figure

Principaux médicaments contribuant à l’effet « combinaison de médicaments », 2017

Médicaments génériques les plus vendus, 2017

Le diagramme à barres suivant fait la comparaison du coût unitaire moyen des cinq médicaments génériques les plus populaires par rapport aux médicaments de marque correspondants. Un tableau connexe présente la part des ordonnances de médicaments de marque et la part des ordonnances de médicaments génériques pour chaque molécule.

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Molécule† Marque Générique Pourcentage des ordonnances des médicaments de marque ou génériques*
Pregabalin, 75 mg 1,54 $ 0,60 $ 13 %; 87 %
Escitalopram, 10 mg 1,68 $ 0,67 $ 34 %; 66 %
Atorvastatin, 20 mg 1,80 $ 0,47 $ 6 %; 94 %
Esomeprazole, 40 mg 2,04 $ 1,57 $ 23 %; 77 %
Rosuvastatin, 10 mg 0,98 $ 0,33 $ 9 %; 91 %

* Basé sur le volume des prescriptions.
† Force et forme de vente les plus élevées.

Les biosimilaires pourraient offrir des économies futures à mesure que l’incidence des réductions des prix des médicaments génériques diminue

Un certain nombre de produits biosimilaires ont récemment fait leur entrée sur le marché canadien, dont certains pour les médicaments les plus vendus, comme Remicade, Enbrel et Lantus. Toutefois, leur adoption initiale a été relativement lente, car ces produits ne sont pas considérés comme interchangeables avec le produit biologique de référence et pourraient ne pas être approuvés pour les mêmes indications au moment de leur introduction.

À l’exception du filgrastim, les biosimilaires ont compté pour moins de 3 % du volume d’ordonnances pour leurs molécules respectives en 2017, ce qui a entraîné des économies minimes. Les réductions de prix, qui ont également une incidence sur les économies potentielles de coûts, variaient considérablement selon le produit, allant de 25 % à 47 %.

Disponibilité des biosimilaires, 2017
Médicament biologique de référence Produit biosimilaire
Nom commercial (molécule) Coût moyen par bénéficiaire* Partie du marché total Nom commercial Date de autorisation de mise en marché Rabais accordé† Part des ordonnances
Remicade (infliximab) 28,8 k$ 4,7 % Inflectra 2014-01-15 46,8 % 2,7 %
Lantus (insulin glargine) 0,7 k$ 0,8 % Basaglar 2015-09-01 25,0 % 2,3 %
Neupogen (filgrastim) 5,0 k$ 0,3 % Grastofil 2015-12-07 25,0 % 21,2 %
Enbrel (etanercept) 13,7 k$ 1,4 % Brenzys 2016-08-31 33,7 % 1,7 %
Erelzi 2017-04-06 37,2 % <0,1 %

* Coût total des médicaments divisé par le nombre de bénéficiaires dans une année donnée, ce qui peut inclure les bénéficiaires dont les coûts de traitement sont incomplets.
† Selon le Formulaire des médicaments de l’Ontario.

Remarque : Les valeurs peuvent ne pas correspondre aux totaux en raison des arrondis et des effets croisés.

Méthode : Cette étude utilise un modèle de facteur de coût pour désagréger et mesurer l’incidence d’un certain nombre d’effets. Cette approche est décrite en détail dans le rapport du CEPMB intitulé Les facteurs de coûts associés aux dépenses en médicaments d’ordonnance : Un rapport méthodologique, 2013.

Source : Base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments à paiement direct d’IQVIAMC. Taux de saisie : 85,7 %.

Limites : Les prix des ventes et les prix unitaires disponibles dans la base de données du régime privé d’assurance-médicaments IQVIAMC ne tiennent pas compte des remises de prix hors facture.

Avis de non-responsabilité : Bien qu’ils soient en partie fondés sur des données obtenues sous licence à partir d’IQVIAMC, les énoncés, les résultats, les conclusions, les points de vue et les opinions présentés dans ce rapport sont exclusivement ceux du CEPMB et ne sont pas imputables à IQVIAMC.

Le SNIUMP est une initiative de recherche qui fonctionne indépendamment des activités de réglementation du CEPMB.

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